Le Centre de Prospection Économique et Sociale met en lumière l’Initiative Atlantique comme levier de l’intégration africaine et de la transformation géostratégique

 




Le Centre de Prospection Économique et Sociale a publié une nouvelle note stratégique intitulée "L’Initiative Atlantique : Opportunités économiques et mutations géostratégiques", rédigée par les chercheurs Ali Ghanbouri et Machij El karkri ,ec  document analytique s’inscrit dans le cadre du suivi des mutations régionales et internationales que connaît le continent africain, ainsi que dans la volonté du Maroc d’affirmer son rôle de précurseur dans la redéfinition de la carte des partenariats Sud-Sud. Il vise également à élargir son influence stratégique à travers des initiatives constructives fondées sur le développement, la sécurité et l’intégration.

La note affirme que l’Initiative Atlantique, annoncée par Sa Majesté le Roi Mohammed VI, ne constitue pas uniquement une proposition diplomatique, mais s’inscrit dans une vision stratégique intégrée qui cherche à transformer l’océan Atlantique d’un simple espace maritime en un véritable espace d’intégration continentale multidimensionnelle. Elle ambitionne de renforcer les chaînes de valeur, d’ouvrir l’accès à l’Atlantique pour les pays sahéliens enclavés, et de construire un nouveau cadre de coopération africaine fondé sur les besoins réels des pays plutôt que sur les injonctions extérieures.

La note souligne que cette initiative repose sur une prise de conscience aiguë du déplacement du centre de gravité géostratégique vers les corridors maritimes, et de la nécessité croissante de coalitions souples capables de faire face à des défis croisés tels que la sécurité énergétique et alimentaire, les changements climatiques et les conflits géopolitiques. L’initiative marocaine propose ainsi une réponse concrète à ces enjeux en liant les dimensions économiques et géopolitiques, faisant de l’Atlantique un espace de coopération plutôt qu’un théâtre d’affrontement, ce qui reflète la capacité du Maroc à anticiper l’évolution des relations africaines dans un ordre mondial en mutation.

Dans ce contexte, la note insiste sur l’importance de moderniser les infrastructures portuaires des pays africains riverains de l’Atlantique, en mettant en avant les rôles centraux des ports de Tanger Med et Dakhla Atlantique comme leviers pour le raccordement maritime et la stimulation des projets industriels et de services. Elle met également en lumière les ports de Mauritanie, du Sénégal, du Nigeria et de la Namibie comme des acteurs clés dans la constitution d’un réseau économique maritime intégré, ce qui permettrait de dépasser la logique de concurrence au profit de l’intégration et d’offrir aux pays africains une insertion souveraine dans les chaînes d’approvisionnement mondiales.

La note précise que l’initiative ne se limite pas aux pays côtiers, mais s’ouvre également aux pays sahéliens, en leur offrant un débouché sécurisé sur l’Atlantique qui pourrait réduire leur dépendance aux corridors traditionnels, libérer leur potentiel productif, et les intégrer dans l’économie bleue. Cette ouverture reconfigure la géographie commerciale de la région et crée de nouvelles perspectives de développement équilibré entre l’intérieur du continent et ses côtes. Elle appelle à l’édification d’un système d’infrastructures et de corridors économiques intégrés, plaçant les pays sahéliens au cœur de la dynamique économique régionale.

La note examine aussi les atouts qui permettent au Maroc d’endosser un rôle de locomotive dans cette initiative, grâce à ses investissements stratégiques dans les infrastructures, les énergies renouvelables et les ports à vocation continentale, ainsi que son réseau de partenariats solides avec les pays d’Afrique de l’Ouest et du Sahel. L’initiative marocaine ne se limite pas à une logique de connectivité géographique, mais propose un modèle de coopération solidaire fondé sur le transfert de savoir-faire, la localisation de la connaissance, et un développement partagé répondant aux aspirations des peuples africains.

Enfin, la note affirme que la réussite de l’Initiative Atlantique nécessite une mobilisation institutionnelle élargie, l’établissement de cadres efficaces de gouvernance continentale, la mise en œuvre de mécanismes de coordination diplomatique et économique, ainsi que le renforcement du rôle du secteur privé et de la société civile. Elle appelle à la création de nouveaux espaces de dialogue entre les pays atlantiques, à la fondation d’organismes spécialisés pour le suivi des projets communs, et à l’assurance d’un financement durable des infrastructures stratégiques, conditions nécessaires à la construction de la confiance entre les acteurs et à la pérennisation de l’initiative face aux aléas géopolitiques.

Il ressort de cette note que l’Initiative Atlantique ne constitue pas seulement une vision marocaine pour renforcer la coopération Sud-Sud, mais bien un projet structurant qui reconfigure les priorités du développement du continent sur les fondements de l’intégration régionale, de la souveraineté économique, et de la valorisation des ressources communes. En plaçant l’océan Atlantique au cœur de l’équation de la stabilité africaine, cette initiative propose des projets concrets et des partenariats stratégiques capables de générer une dynamique collective et des solutions de développement émergentes du continent et pour le continent, lui conférant ainsi une dimension prospective tournée vers la construction d’un pôle africain indépendant et intégré dans l’économie mondiale à partir d’une position de force et de complémentarité.

 

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